Michael Wybo, La Presse
29 septembre 2008 | 08 h 16 | 18 commentaires
Au cours de l'année 2008, deux organisations québécoises ont signalé leur intention à la Cour supérieure de Québec de poursuivre le gouvernement pour ne pas avoir passé par un processus d'appel d'offres pour son approvisionnement en logiciels.
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Logiciels | Linux
En plus de voir les achats par attribution comme étant en dérogation avec ses propres règles et un frein à la libre concurrence, ces organisations soutiennent que le gouvernement renonce à des économies importantes en passant directement aux nouvelles versions des logiciels propriétaires au lieu de considérer l'acquisition de logiciels libres.
Pour sa part, le gouvernement justifie son action en soulignant que certains de ces achats sont de simples «mises à jour», et non des achats de nouveaux logiciels. Ce à quoi les organisations plaignantes répliquent que le logiciel libre pourrait facilement remplacer le logiciel propriétaire, sans perte de fonctionnalité, tout en procurant des économies substantielles.
Selon ces organisations, le gouvernement agit comme s'il était une filiale des grands éditeurs de logiciel. Comme d'habitude, la vérité se retrouve quelque part entre ces deux positions extrêmes.
Ce qu'il n'est pas
Il est d'abord utile de clarifier ce que le logiciel libre n'est pas. Le logiciel libre n'est ni une technologie ni un processus de développement de logiciel. Il n'est pas obligatoirement gratuit, ni nécessairement plus performant, plus sécuritaire, ou plus facile à utiliser qu'un logiciel propriétaire, et ne représente certainement pas la fin de l'industrie du logiciel.
Ce qu'il est d'abord et avant tout, c'est un logiciel. Cela veut dire qu'il faut le conceptualiser, en définir les spécifications, le développer, le tester, l'implanter, le maintenir et le supporter dans son utilisation. Ce qui lui confère son aspect «libre», ce sont les termes de la licence sous laquelle il est distribué.
En bref, la licence d'un logiciel propriétaire donne normalement à l'utilisateur des droits de locataire: il peut utiliser le logiciel, mais il ne lui appartient pas. Par contre, la licence libre confère des droits de propriétaire. L'utilisateur a le droit d'installer le logiciel sur autant d'ordinateurs que désiré, le modifier selon ses besoins et le distribuer avec ou sans ses modifications. Il peut même demander d'être payé pour distribuer des copies, avec ou sans ses modifications. Par exemple, le logiciel Ubuntu, une version de Linux, peut être téléchargé gratuitement du site Ubuntu.com. Il est aussi vendu par Amazon.com pour 12$ la copie, plus les frais d'expédition!
L'équipement
Le plus important malentendu que nous ayons rencontré lors de nos recherches est que d'adopter un logiciel libre implique automatiquement que l'organisation doive aussi être équipée pour le développer, l'entretenir et le supporter. Une autre perception très répandue est que l'entreprise sera à la merci d'un groupe de «hackers» anonymes pour ces services essentiels.
La réalité est que la majorité des logiciels libres sont distribués par des organisations ayant pignon sur rue, avec du personnel permanent et des services de soutien à prix compétitif. Bien entendu, un logiciel libre donne la possibilité à son utilisateur de faire son propre développement, entretien et support, mais il ne l'oblige pas à le faire.
Le fait que le logiciel soit ouvert signifie aussi qu'il est possible de développer des compétences locales pour fournir ces services. Aucun logiciel n'est réellement «gratuit» en ce qui concerne son déploiement et son utilisation dans une organisation.
Mais dans le cas du logiciel libre, le choix du fournisseur et le niveau de soutien demeurent sous l'entière responsabilité de l'organisation qui adopte le logiciel en question.
Cet aspect devrait être explicitement pris en considération dans le choix de logiciels par des institutions publiques qui ont un rôle à jouer dans l'économie locale.
Il est tout à fait possible que les coûts d'acquisition d'un logiciel libre (sans frais de licence) et de son contrat d'entretien soient plus ou moins équivalents à ceux d'un logiciel propriétaire dont l'entretien est inclus dans les frais de licence.
Les fonctionnalités
La décision d'adopter un logiciel, qu'il soit libre ou propriétaire, doit être basée sur l'évaluation de ses fonctionnalités, de sa performance et de sa compatibilité avec l'infrastructure TI déjà en place.
Cette décision doit aussi prendre en compte les coûts d'acquisition et d'utilisation des différentes options offertes.
Le logiciel libre offre en plus la possibilité d'exercer des droits de propriété et de déterminer par qui, comment et à quel prix les services essentiels seront fournis.
La meilleure façon d'éclairer une telle décision est encore un processus d'appel d'offres ouvert et transparent.
La semaine prochaine, nous traiterons de l'évaluation des droits de propriété qu'un logiciel libre peut procurer.
L'auteur est professeur agrégé à HEC Montréal: www.hec.ca/profs/michael.wybo.html
Les articles ci après ne sont pas, sauf indication contraire, des articles originaux, mais forment plutôt une revue de presse d'articles glanés en veille sur le web. L'adresse de l'article original est toujours fournie.(JMR)
Qui suis-je
- Jean-M. Riopel (bibl.pro.)
- Je suis un humaniste qui a toujours eu comme objectif l'atteinte de la condition d’honnête homme au sens du XIXe siècle et qui a embrassé l'état de spécialiste du savoir dans ce but de non spécialisation. Je continue à faire marcher mes "petites cellules grises" en m'intéressant à tout et à tous .
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mardi 30 septembre 2008
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