Lettre d'informations sur l'e-Démocratie
"Obama sera t-il le JFK du Net ?". Près de dix-huit mois après cette question posée par PoliticsOnline, l'outsider Barack Obama a officiellement remporté l'investiture du parti démocrate pour l'élection présidentielle américaine du 4 novembre prochain, après une lutte acharnée contre Hillary Clinton. Une longue campagne électorale qui a vu le web pleinement utilisé comme un outil efficace au service d'un candidat.
Quelque soit l'issue du scrutin de novembre, ces mois de campagne resteront dans l'histoire comme un pas de plus dans la longue marche vers l'e-Démocratie, c'est-à-dire vers une plus grande participation des citoyens dans la vie politique. La première véritable campagne du 21ème siècle se déroule en ce moment, celle qui restera peut être aussi fondamentale que celle de 1960, quand le débat télévisé entre John Kennedy et Richard Nixon fit de la télévision un terrain incontournable pour mener une campagne électorale. Le candidat lui-même déclare dans Times que "l'une des plus grandes surprises de la campagne est le pouvoir de l'Internet"
La campagne du sénateur Obama est le fruit d'une rencontre entre une aspiration populaire au changement, une mobilisation inédite des jeunes et l'Internet. Comment un candidat quasi inconnu et avec peu de ressources financières aurait-il pu s'imposer sans la formidable capacité d'Internet pour mobiliser rapidement des supporters et pour collecter massivement des fonds ? Près d'un million de personnes (918.846 précisément au 8 juin) sont inscrites, par exemple, au groupe de soutien à Barack Obama sur Facebook et ses vidéos publiées sur YouTube ont été visionnées 37 millions de fois.
L'Internet était au coeur de la stratégie de campagne de Barack Obama. Depuis l'annonce de sa candidature sur YouTube jusqu'aux deux millions de volontaires recrutés en ligne pour aller sur le terrain prêcher la bonne parole, tout ce qui fait Internet a été mis à contribution.
Peter Leyden, de l'Institut New Politics, cité par le Times en mai dernier, soulignait que l'incroyable, "c'est qu'Hillary Clinton a probablement fait la meilleure campagne de l'histoire américaine : elle a collecté plus d'argent que personne d'autre avant elle, elle a correctement verrouillé le parti, elle a rassemblé les consultants les plus célèbres du pays et elle a bien géré les conflits. Et pourtant, elle a été battu par le représentant d'un modèle différent pour une nouvelle politique". "Sa campagne sera la dernière campagne verticale du côté démocrate" assure Joe Trippi, l'ex conseiller d'Howard Dean.
Ironie de l'histoire, ce nouveau modèle a été inventé par John McCain, qui, lors des primaires républicaines de 2000 contre George W. Bush, fut le premier à collecter des fonds par Internet, récoltant alors 6 millions de dollars (A ce stade, Barack Obama a collecté plus de 200 millions de dollars en ligne). Il sera l'auteur, deux ans plus tard, d'une loi sur le financement des campagnes électorales qui mit fin à l'ère des grands financeurs électoraux en plafonnant le montant maximum des dons à 2.000 dollars par personne (2.300 dollars pour cette élection). Mais ce que l'équipe d'Obama a compris, grâce à l'expérience d'Howard Dean lors des primaires démocrates de 2004, c'est que les petits donneurs pouvaient participer aussi efficacement. C'est ainsi que plus d'un million de citoyens américains ont financé la campagne du sénateur Obama avec un don moyen de 200 dollars. Surtout, ce sont autant d'adresses e-mails et de relais d'opinion versés à la campagne.
Un "tremblement de terre" selon Michael Malbin, directeur de l'Institut de financement des campagnes car "cette année, les donateurs ne sont pas seulement des donneurs. Ce sont des faiseurs".
Relire les précédents articles :- Obama sera t-il le JFK du Net? 18 janvier 2007
- La percée d'Obama est-elle liée au web ? 5 janvier 2008
- Mobilisation sans précédent des jeunes - 11 février 2008
- Obama, le candidat des internautes - 13 février 2008